Intervention de Sœur Patricia Murray, ibvm, lors de la Conférence de Presse présentant le Message du Pape François pour la 110ème Journée Mondiale du Migrant et du Réfugié, qui sera célébrée le dimanche 29 septembre 2024, sur le thème « Dieu marche avec son peuple ».

Les deux icônes présentées à notre réflexion sont frappantes. La première nous rappelle le cheminement synodal entrepris par tout le peuple de Dieu qui marche ensemble avec ses différentes vocations, charismes, cultures et ministères au service du règne de Dieu dans notre réalité mondiale actuelle. Cela nous rappelle le voyage biblique, l'Exode, avec tous ses défis, ses difficultés et ses épreuves jusqu'à ce que le peuple d'Israël atteigne la terre promise.

La deuxième icône rappelle un autre voyage contemporain, celui des migrants qui traversent aujourd'hui des paysages difficiles et hostiles. La statue de la place Saint-Pierre nous montre la douleur et le combat d'hommes, de femmes et d'enfants qui s'efforcent d'atteindre leur propre terre promise. Certains des obstacles qu'ils rencontrent sont géographiques (déserts, mers, chaînes de montagnes, vastes plaines), tandis que d'autres sont des barrières physiques érigées par la main de l'homme, à savoir hauts murs, clôtures de fils barbelés et barrières d'acier. D'autres encore sont des barrières de rejet, d'hostilité, de xénophobie, et même de haine.

Ces personnes sont nos sœurs et nos frères qui ont besoin de notre aide. Elles méritent notre respect, notre acceptation et notre reconnaissance. Mais cela ne sera possible que lorsque nous nous rapprocherons d'eux et que nous les rencontrerons. Aux frontières, ils arrivent avec beaucoup d'espoir, malgré les dangers et les difficultés du voyage. Ils fuient les guerres, le terrorisme et les conflits, ils ont été exploités et exclus économiquement à cause de systèmes politiques et économiques corrompus. Beaucoup ont perdu leur maison et leurs moyens de subsistance en raison du changement climatique et de la destruction de l'environnement.

Le synode souligne encore et encore le lien entre le cri des pauvres et le cri de la Terre, ainsi que la nécessité de s'attaquer d'urgence à la crise écologique si nous voulons protéger la vie des plus vulnérables et faire face à la menace qui pèse sur l'ensemble de l'humanité. De nombreux migrants sont des jeunes hommes et femmes à la recherche de meilleures opportunités d'éducation. Ils sont porteurs des espoirs de leur famille et de leur communauté élargie pour une vie meilleure. Le synode nous exhorte à entendre leurs cris et à leur permettre d’être « le sujet de son propre chemin de croissance »

Nous devons être là pour les accueillir et les aider d'une multitude de petites manières pratiques. Tous sont traumatisés d'une manière ou d'une autre. Certains vivent un deuil profond : je pense en particulier aux mères et aux pères dont les enfants leur ont échappé en haute mer et qui sont inconsolables d'avoir perdu leurs fils et leurs filles, ou aux nombreuses personnes qui ont vu des membres de leur famille et des amis mourir en cours de route, vaincus par les exigences du voyage.

Le synode nous rappelle qu'en rencontrant notre frère et notre sœur migrants, nous rencontrons « notre Seigneur Jésus Christ : lui qui est riche, il s’est fait pauvre à cause de vous, pour que vous deveniez riches par sa pauvreté » (2 Cor 8, 9). Nous devons rencontrer ces frères et sœurs, apprendre à les connaître, écouter l'histoire de leur vie. Ils ont une connaissance directe du Christ souffrant et ils nous appellent à la conversion, à un changement d'esprit et de cœur. Ils ont beaucoup à nous apprendre et nous avons beaucoup à apprendre. Cela n'arrivera que si nous marchons vraiment ensemble, si nous écoutons profondément et si nous les aidons à réaliser leurs espoirs et leurs rêves, tout comme nous espérons réaliser les nôtres.  

Le synode appelle à une inclusion radicale de ceux qui sont en marge et à la périphérie, et cela s'applique particulièrement à nos sœurs et frères qui viennent chercher une vie plus épanouissante. L'image synodale de la tente nous rappelle qu'il faut ouvrir des espaces dans nos cœurs et dans nos vies pour la rencontre, l'échange et l'écoute profonde. Lorsque nous écoutons l'histoire de l'autre personne, nous devenons responsables d'elle et elle devient à son tour responsable de nous. C'est la mutualité de la participation, de la communion et de la mission qui est au cœur de notre manière synodale de marcher ensemble, de vivre ensemble. Puissions-nous chercher à avoir « les dispositions qui sont dans le Christ Jésus » (Ph 2, 5) et, en cheminant ensemble, trouver des réponses aux besoins des uns et des autres et comprendre d'une manière nouvelle la béatitude de l'Évangile : « Heureux les pauvres de cœur » (Mt 5, 3).

• Message du Pape François pour la 110ème Journée Mondiale du Migrant et du Réfugié
• Discours du Cardinal Michael Czerny, S.J. -Préfet du Dicastère pour la promotion du développement humain intégral (en anglais)